Kaolack :
Synthèse claire et fluide de l’histoire de la ville de Kaolack, qui pourra servir à des fins éducatives, culturelles ou institutionnelles
🕌 Histoire de Kaolack – Carrefour spirituel, économique et historique du Sénégal
📜 Origines et fondation
Époque précoloniale
Située dans le bassin du Saloum, Kaolack appartenait historiquement au royaume du Saloum, dominé par les Sérères mais influencé par les Mandingues et Wolofs. Cette région constituait un carrefour d’échanges commerciaux entre les terres de l’intérieur (comme le Bambouk ou le Mali) et la côte atlantique, facilitant la circulation des biens, des idées et des cultures.
La ville de Kaolack elle-même serait née au XIXᵉ siècle, à partir de l’installation de comptoirs commerciaux par les colons français, mais aussi des commerçants maures et libano-syriens.
🇫🇷 Période coloniale (XIXᵉ – 1960)
Expansion coloniale et économie arachidière
Dès 1850, les Français s’intéressent au Sine-Saloum pour l’exportation de l’arachide, principale ressource économique de l’époque. Grâce à sa position stratégique sur le fleuve Saloum, Kaolack devient un port fluvial de référence, puis un centre arachidier majeur.
En 1911, le chef-lieu administratif est transféré de Nioro à Kaolack, renforçant son importance politique et logistique. En 1933, la ville obtient le statut de commune de plein exercice, dirigée à partir de 1945 par des maires africains.
Urbanisation
Le dynamisme économique génère une forte croissance urbaine, centrée autour :
du port fluvial ;
de la gare ferroviaire sur la ligne Dakar–Bamako ;
des zones industrielles arachidières (huileries, silos, entrepôts).
🕌 Rôle religieux majeur
Kaolack est aussi un centre spirituel d’envergure au Sénégal et au-delà :
Medina Baye, fondée par Cheikh Ibrahim Niasse, en est le cœur religieux tidjane.
La grande mosquée de Medina Baye, l’une des plus grandes du pays, attire des milliers de fidèles chaque année, notamment du Nigéria, du Ghana, de la Mauritanie, ou des États-Unis.
D’autres foyers spirituels comme Léona Niassène ou Médina Mbaba font de Kaolack une ville de savoir islamique et de rayonnement .
🇸🇳 Depuis l’indépendance (1960 à nos jours)
Vie politique locale
Kaolack a longtemps été un bastion du Parti socialiste sénégalais (PS). Plusieurs figures locales ont marqué la politique nationale :
Valdiodio Ndiaye : résistant anticolonial et ministre ;
Diène Bacar Guèye : maire dans les années 1970-80 ;
Abdoulaye Diack : maire dans les années 1990 ;
Mariama Sarr : première femme maire (2014–2022) ;
Serigne Mboup : maire depuis 2022, entrepreneur et homme public.
Défis contemporains
Malgré son passé glorieux, Kaolack a été affectée par :
le déclin de l’industrie arachidière ;
l’usure des infrastructures urbaines ;
la transition vers l’économie informelle et les activités religieuses.
Cependant, des initiatives récentes visent à moderniser la ville, notamment :
la réhabilitation de la voirie ;
la promotion du tourisme religieux ;
le soutien à l’artisanat et au commerce local.
🏛️ Un patrimoine vivant
Un carrefour de cultures et de mémoires
Kaolack incarne un carrefour historique entre tradition et modernité, entre spiritualité et économie. Son histoire est conservée et étudiée à travers plusieurs ouvrages de référence, notamment :
André Dessertine – Un port secondaire de la Côte occidentale d’Afrique, Kaolack (1959)
Ibrahima Diouf – De l’arachide aux activités informelles (1988)
Mbaye Ndiaye – Histoire politique de Kaolack (1945–1962)
Alain Morice – Les forgerons de Kaolack (EHESS, 1982)
Djibril Gueye – L’école coloniale à Kaolack
🧭 Conclusion
Kaolack est bien plus qu’un centre régional : c’est un carrefour historique, religieux, économique et culturel. Malgré les mutations, elle continue de jouer un rôle crucial dans le Sénégal contemporain, portée par son héritage spirituel, ses acteurs politiques et économiques, et une diaspora engagée.
Mamadou Camara
Camou communication