*Kaolack : Feu Mamour Badji : le gardien de buts du Mbossé et de l’ Asc Jambaar de Dialègne *

Kaolack – Voix Éteintes et Images qui ont marqué l’histoire du Sénégal

 

Mamour Badji, le gardien rugueux du Mbossé et du Jambaar de Dialègne

 

Par Mamadou Camara – Camou Communication

 

Kaolack – Figure marquante des navétanes, feu Mamour Badji demeure dans la mémoire collective comme un gardien de buts infatigable, autoritaire et passionné, arraché à notre affection il y a plusieurs années.

 

Le Mbossé et la voix qui commandait sa défense

 

Au Mbossé de Kaolack, Mamour Badji n’était pas seulement un gardien : il était une voix, un chef d’orchestre, un gagneur qui corrigeait et repositionnait sans cesse ses défenseurs. Ses cris résonnaient comme des ordres, et sa présence donnait confiance à ses coéquipiers. On se souvient notamment de son match Mbossé – AS Police, disputé à Kaolack, où son autorité et sa combativité avaient marqué les esprits.

 

L’épopée du Jambaar de Dialègne

 

C’est avec le Jambaar de Dialègne que Mamour Badji s’est forgé une solide réputation locale. Aux côtés de Moussa Samba (gardien de but), de feu Sidya Thioub, de Moussa Guéye, de Tounkara le latéral, de Sada Diallo, de Camou, et de Sidibé dit “l’instituteur de Diakhao”, il a incarné une génération de joueurs intrépides et fiers de leur quartier.

 

Plus tard, d’autres noms ont pris le relais : Beytir Samb, Moussa Ndao, Yawsame, avant qu’une nouvelle vague n’émerge sous la houlette de dirigeants emblématiques comme feu Nare Diamé, Malick Mbaye (le boucher), feu Modou Mbaye – supporter euphorique du Jambaar et frère de Ndiaga Seck, le tambour-major de Dialègne – mais aussi feu Gomis Diagne et feu Mass Dieng, piliers de l’encadrement et de l’animation sportive.

 

Les terrains de quartier : Villa Taaye et école Dialègne

 

Mamour Badji a aussi grandi sportivement sur les terrains populaires de Kaolack, notamment à la Villa Taaye et à l’école de Dialègne, où il partageait sa passion avec des figures comme feu Séga Sakho. Ces espaces, véritables pépinières de talents, ont forgé son tempérament de gagneur.

 

Une carrière prolongée au Jaraaf

 

Après Kaolack, Mamour Badji a pris la direction de Dakar pour rejoindre le Jaraaf, club mythique du Sénégal. Son départ avait suscité une vive émotion à Kaolack : supporters et dirigeants du Jambaar s’étaient interrogés sur ce choix, tout en comprenant que son talent méritait une vitrine nationale. Ses motifs étaient simples : franchir un cap, vivre le haut niveau et défendre les couleurs d’un club prestigieux.

 

Avec le Jaraaf, il disputa des matches mémorables contre la Jeanne d’Arc, l’AS Jambars, ou encore les Rails de Thiès, imposant son style rugueux et son autorité dans les cages.

 

Un homme respecté, des liens humains forts

 

Au-delà du joueur, Mamour Badji était un homme de rapports humains. À Dialègne, il avait accès à toutes les maisons du quartier : chacun le considérait comme un fils, un frère, un ami. Après les matchs du Jambaar, une image marquait les esprits : les petits enfants prenaient ses chaussures et l’accompagnaient jusqu’à la maison, comme pour prolonger la fierté de l’avoir vu défendre leurs couleurs.

 

Avec ses coéquipiers, Mamour Badji entretenait des relations empreintes de respect et de complicité. Après les rencontres, il retrouvait les joueurs dans une ambiance fraternelle, entre analyses, blagues et convivialité.

 

Un témoignage émouvant de Abdou Karim Sadji de l’Ufan illustre cette générosité :

 

> « Mamour Badji fut un homme généreux. Nous avions été recrutés au Contrôle économique de Kaolack, moi je jouais aux Guélawars et lui au Mbossé. Nous travaillions à la Sonacos Lyndiane. Recrutés par feu AmadouCissé Dia qui fût le deuxième président à l’ Assemblée nationale, nous devions travailler et aller aux entraînements. Pour que je ne rate jamais les séances, Mamour me prenait à bord de sa moto jusqu’à Lyndiane. Après la descente, on allait ensemble aux entraînements : moi au Guélawar, lui au Mbossé. Il l’a fait pendant des années. C’est pour montrer la grandeur de l’homme. »

 

Les retrouvailles et la vie de quartier

 

À l’époque, chaque rencontre de navétanes se prolongeait par des retrouvailles animées avec les fourales et les Tiadagui. Le quartier vibrait, non seulement de football, mais aussi de culture et de solidarité. Des fils du quartier, tels que Birame Ndéck Ndiaye, le grand parolier, ainsi que des intellectuels revenus en vacances, profitaient de ces moments pour mener de vastes campagnes de sensibilisation, organiser des cours de vacances pour les élèves et renforcer les liens communautaires.

 

En mémoire, certains évoquent encore les grands duels : Entente – Ufan, ou les chocs épiques entre Jambaar et Entente, qui électrisaient toute la ville.

 

Un décès surprenant, une mémoire vive

 

Sa disparition, brutale et surprenante, a laissé un vide immense dans le cœur des siens. Les supporters de l’époque, à l’image de feu Mass Dieng, continuent de témoigner de l’attachement et de l’admiration que Kaolack avait pour ce gardien hors pair. Ses relations franches avec les dirigeants de son époque témoignent aussi de son sérieux et de sa loyauté.

 

Héritage et mémoire

 

Mamour Badji demeure dans la lignée de ces gardiens qui ont marqué l’histoire des navétanes et du football sénégalais. Sa carrière, de Mbossé à Dialègne, puis au Jaraaf, illustre le parcours d’un enfant de Kaolack qui a su s’imposer par son talent, sa rigueur et son caractère.

 

La question reste souvent posée dans les causeries sportives : Mamour Badji était-il originaire de Kaolack, ou venu d’ailleurs pour marquer de son empreinte le Jambaar de Dialègne ? Quoi qu’il en soit, son souvenir reste indissociable de l’histoire du football

Mamadou Camara

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