Kaolack : En mémoire :
Amadou Mbaye Lindor : Figure politique et syndicale majeure du Saloum
Par Mamadou Camara – Camou Communication
Origines et formation : un fils du Saloum engagé pour sa cité
Kaolack – Au cœur de l’histoire politique du Saloum, le nom d’Amadou Mbaye Lindor évoque celui d’un homme profondément attaché à sa région et à ses valeurs.
Né à Kaolack dans les années de la décolonisation, il s’impose très tôt comme un acteur du progrès social et un pionnier du militantisme local.
Formé à l’école du travail et du mérite, il a grandi dans un environnement où l’engagement civique et la solidarité étaient des vertus cardinales.
Ces racines solides ont forgé chez lui une conviction : le développement d’une nation commence par celui de sa communauté locale.
Les débuts dans l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS)
C’est dans les rangs de l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS), le parti de Léopold Sédar Senghor, qu’Amadou Mbaye Lindor fait ses premiers pas politiques.
Dès les années 1950, il milite activement dans les cellules de base à Kaolack, contribuant à la structuration du parti dans le Sine-Saloum, région stratégique pour la consolidation du socialisme sénégalais.
Il participe à la création de comités politiques dans les quartiers, anime les réunions locales et organise des campagnes de sensibilisation pour rapprocher les populations rurales des idéaux du socialisme africain.
Toujours à l’écoute des paysans et des jeunes, il œuvre à la formation civique et rurale, tout en promouvant des actions de développement communautaire : alphabétisation, santé, routes et éducation.
Un relais entre la base et les élites
Doté d’un grand sens de l’écoute, Lindor devient rapidement un médiateur reconnu entre les militants de la base et les responsables nationaux du parti.
Dans une période marquée par la consolidation du pouvoir de l’UPS, il se distingue par sa fidélité, sa rigueur organisationnelle et sa capacité de dialogue.
Il collabore avec plusieurs grandes figures de l’époque, parmi lesquelles feu Amadou Cissé Dia, Léopold Sédar Senghor et Diene Bakar Gueye, qui voyaient en lui un homme de terrain fiable et respectueux de la hiérarchie.
La transition vers le Parti Socialiste (PS)
Lorsque l’UPS devient le Parti Socialiste (PS) en 1976, Amadou Mbaye Lindor s’impose comme un militant de la première heure de cette nouvelle formation politique.
Il occupe des responsabilités au sein des structures régionales du PS à Kaolack, coordonnant plusieurs sections locales et participant à la formation des jeunes cadres du parti.
Sa rigueur et son sens du consensus lui valent la confiance des autorités nationales.
Sous les présidences de Senghor puis Abdou Diouf, il joue un rôle discret mais essentiel dans la stabilité politique locale, prônant la discipline et l’unité au sein du parti dans une période de fortes mutations sociales et économiques.
Un acteur syndical respecté au sein de la CNTS
Au-delà du champ politique, Amadou Mbaye Lindor s’est affirmé comme une voix forte du syndicalisme sénégalais.
Membre actif de la Confédération Nationale des Travailleurs du Sénégal (CNTS), il milite pour la dignité du travailleur et la promotion du dialogue social.
Il entretient des liens étroits avec des figures majeures comme Madia Diop, Abdoulaye Diack et Ibrahima Seydou Ndao, symboles d’un syndicalisme enraciné dans la justice et la concertation.
Sa méthode, fidèle à la tradition senghorienne, repose sur la recherche de la paix sociale et la valorisation du rôle du travailleur dans la construction nationale.
Une dimension panafricaine affirmée
L’action d’Amadou Mbaye Lindor dépasse les frontières du Sénégal.
Délégué régulier aux congrès panafricains du travail, il représente la CNTS et le Parti Socialiste dans plusieurs rencontres africaines et internationales.
Ses interventions à Abidjan, Bamako, Conakry, Accra ou encore Genève témoignent de sa stature d’homme de dialogue et d’union.
Dans le cadre de ses missions au sein de l’Internationale Socialiste, il défend une vision d’un syndicalisme africain autonome et solidaire, prônant la coopération Sud–Sud et la promotion du travail décent.
Son engagement au sein du mouvement syndical africain contribue à faire entendre la voix du Sénégal dans les débats sur la gouvernance sociale et la dignité du travailleur africain.
Relations religieuses et ancrage à Kaolack
Fidèle à ses racines, Amadou Mbaye Lindor entretient une relation fraternelle avec les dignitaires religieux de Kaolack, notamment à Léona Niassène et Médina Baye.
Homme de foi, il considérait les familles maraboutiques comme des alliées naturelles du progrès social et moral.
Toujours présent lors des Gamou et des Ziaras, il œuvrait pour le dialogue intercommunautaire et la cohésion entre les différentes confréries de Kaolack.
Un bâtisseur du consensus municipal
À la municipalité de Kaolack, Lindor mettra son expérience politique et syndicale au service du dialogue social.
Il contribue à la création de comités de concertation entre élus, syndicats et services techniques, et plaide pour une gouvernance participative fondée sur le respect du citoyen.
Il considérait que le progrès ne peut être imposé, il se construit avec les populations.
Héritage et postérité
Considéré comme l’un des bâtisseurs du socialisme local, Amadou Mbaye Lindor laisse derrière lui un héritage moral et politique important.
Sa fille, Adjia Ndiouck Mbaye Lindor, présidente nationale des femmes rurales du Sénégal et responsable politique, perpétue cet esprit d’engagement à travers des initiatives sociales et communautaires à Kaolack., Ses héritiers Ousmane Sylla Mbaye , Fatou Mbaye Lindor et autres marchent la tête haute à Kaolack .Aujiurd’ hui ,son petit fils et homonyme Lindor Thioune dirige un mouvement citoyen de renom .
Son nom reste associé aux valeurs de discipline, loyauté et service public.
De nombreux militants du PS et de la CNTS évoquent encore sa rigueur, sa simplicité et sa capacité à unir des sensibilités diverses autour d’un même idéal : celui du progrès collectif.
Repères chronologiques essentiels
Période Faits marquants
Années 1950 Entrée dans l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS). Organisation des cellules locales à Kaolack.
1960–1975 Engagement syndical au sein de la CNTS ; relations avec Madia Diop et Ibrahima Seydou Ndao.
1976 Transition vers le Parti Socialiste ; membre influent des structures régionales.
Années 1980 Représentations au sein de la CNTS et participation aux forums africains du travail.
1985–1990 Missions en Afrique de l’Ouest (Accra, Abidjan, Bamako) et à Genève dans le cadre du BIT et de l’Internationale Socialiste.
Années 1990 Conseiller social à la municipalité de Kaolack.
Années 2000 Reconnu comme “figure morale” du socialisme kaolackois.
Après 2010 Hommages dans les cercles du PS et de la CNTS.
Citation mémorielle
> « Là où le travailleur est respecté, la nation se renforce. Là où le dialogue prévaut, la paix s’installe. »
— Amadou Mbaye Lindor
Conclusion
À travers son parcours, Amadou Mbaye Lindor incarne une génération d’hommes politiques et syndicaux qui ont fait de la solidarité, du dialogue et du devoir les fondements de leur action.
Figure du Saloum historique, militant du socialisme sénégalais et acteur du mouvement syndical africain, il demeure un repère moral pour les générations actuelles.
Mamadou Camara