Kaolack – Conclave CNIA et acteurs de la filière arachide : vers une campagne 2025 mieux organisée
La campagne de commercialisation arachidière 2025 au Sénégal est prévue pour démarrer à la mi-décembre, et les acteurs de la filière se mobilisent pour assurer un déroulement fluide et conforme aux normes. À Kaolack, producteurs, transformateurs et exportateurs se sont retrouvés pour tirer le bilan de la précédente campagne et préparer la prochaine, lors d’une rencontre présidée par Monsieur Cheikh Ahmadou Bamba Fall, président du Comité de normalisation du Comité National Interprofessionnel de l’Arachide (CNIA).
Forte mobilisation de la FNOPS/T
La rencontre a enregistré une forte présence des membres de la Fédération Nationale des Opérateurs Privés Stockeurs et Transporteurs (FNOPS/T) de Kaolack. Ses membres ont fait des propositions riches en enseignement au cours des discussions.
Vers une filière plus ouverte et inclusive
Le CNIA a engagé une restructuration de ses organes pour rendre la filière plus ouverte et participative, notamment en intégrant les nouveaux métiers de la chaîne de valeur tels que la transformation locale et les exportations. Cette dynamique vise à renforcer la transparence, la compétitivité et la complémentarité entre les différents acteurs.
Le bilan de la campagne précédente a montré certaines difficultés : la production n’a pas atteint les objectifs, et la collecte a été inégale, la SONACOS étant le seul opérateur à mener une campagne efficace. Les quantités collectées par les opérateurs privés sont restées limitées. Plusieurs préoccupations majeures des opérateurs privés ont été signalées lors des campagnes précédentes :
Retards dans le déchargement des camions aux huileries, entraînant des pertes de temps et une perturbation du flux logistique.
Paiement tardif des bons après déchargement, générant un manque à gagner et des difficultés financières pour les opérateurs.
Taux d’abattement excessifs, appliqués parfois de manière injustifiée par certaines huileries, réduisant la rémunération des producteurs et la marge des opérateurs privés.
Financements indisponibles à temps, rendant difficile l’organisation de la collecte et du transport.
Manque d’encadrement et de coordination entre les acteurs de la filière, entraînant des pratiques déloyales et des tensions dans la chaîne de valeur.
Mesures correctives pour la campagne 2025
Pour la prochaine campagne, M. Fall a annoncé des mesures visant à répondre à ces difficultés :
Encadrement rigoureux des opérations de collecte et de transport, pour sécuriser la chaîne de valeur.
Criblage et pesée conformes aux normes, pour éviter la présence de sable dans les graines.
Révision du rayonnement d’abattement, c’est-à-dire la tolérance sur le taux d’abattement appliqué par certaines huileries, parfois trop excessif.
Paiement à temps des bons après déchargement, afin d’éviter un manque à gagner pour les producteurs et des retards dans le déchargement des camions.
Ces mesures faciliteront le travail des opérateurs privés et garantiront un prix équitable aux producteurs.
Prix et qualité : un équilibre à trouver
Le prix de l’arachide, en vrac ou après criblage, a constitué un point central des discussions. Une solution concertée sera recherchée pour garantir un équilibre juste entre producteurs, transformateurs et exportateurs. Une étude sur la différence de prix et de qualité des graines sera prochainement menée afin d’assurer une valorisation équitable de la production.
Tournée préparatoire et rappel réglementaire
Dans le cadre de la préparation de la campagne, Aliou Dia, vice-président du CNIA, a effectué une tournée dans le centre du pays, appelant à une meilleure organisation et au respect des normes. La production de cette année est un record, a-t-il souligné, ce qui nécessite une coordination efficace entre producteurs, commerçants et transformateurs.
Le vice-président du CNIA a insisté sur l’importance du criblage, rappelant le décret n° 85-178 du 13 février 1985, qui fixe un taux maximal d’impuretés à 0,86 % et impose le tri et le contrôle qualité avant toute commercialisation. Selon M. Dia, cette étape ne doit pas retarder la campagne mais garantir la compétitivité des arachides destinées à l’export.
Priorité à la transformation locale
La transformation locale, qu’elle soit artisanale, semi-artisanale ou industrielle, reste une priorité avant l’exportation. Aliou Dia a insisté sur le fait qu’une partie de la production doit être dirigée vers les unités de transformation pour créer de la valeur ajoutée au Sénégal.
Rencontre CNIA et opérateurs privés : contributions du FNOPS/T
Les membres du FNOPS/T ont pris bonne note des mesures annoncées :
Renforcer le criblage et le respect des normes, pour éviter les impuretés et garantir une commercialisation de qualité.
Favoriser la transformation locale avant l’exportation, afin de créer de la valeur ajoutée au niveau national.
Encadrer les opérateurs privés, pour sécuriser la collecte, le stockage et le transport, et éviter les pratiques déloyales.
Ils ont également souligné qu’ils ne souhaitent pas revivre les problèmes des campagnes précédentes, rappelant les préoccupations majeures qui se sont répétées chaque année : retards dans les déchargements, paiements tardifs, taux d’abattement excessifs, financements indisponibles et manque de coordination.
El Hadji Bou Goumballa a conclu que ces mesures et préoccupations constituent une avancée majeure pour la filière, en particulier pour les opérateurs privés et les petits producteurs, et a appelé à une coopération étroite entre toutes les parties prenantes, en attendant les prochaines rencontres pour harmoniser les idées et assurer le succès de la campagne 2025.
Par Mamadou Camara, journaliste – Kaolack
Camou Communication