Fonds d’aide à la presse : quand l’opportunisme remplace la déontologie
Ils ressurgissent comme des prédateurs qui qui guettent leurs proies .
Face à la perspective du partage du fonds d’aide, certains patrons de médias se transforment soudain en modèles de régularité. Une mise en scène qui trahit plus la soif d’argent public que la passion du journalisme.
Par Mamadou Camara, journaliste – Kaolack, Camou Communication
Aux confrères !
Difficile de comprendre ce qui pousse certains patrons de presse à courir derrière chaque annonce de fonds d’aide comme si leur survie en dépendait. Hier encore, ces structures fantômes ne comptaient ni reporters, ni rédacteurs en chef, ni techniciens. Aujourd’hui, les voilà miraculeusement dotées de personnels, de fiches de paie, de numéros CNSS et de quitus fiscaux flambant neufs. Quelle coïncidence !
Cette soudaine « professionnalisation » n’a rien d’un élan vertueux. Elle relève plutôt d’un calcul : cocher toutes les cases exigées pour accéder au gâteau de l’État. Une comédie bien huilée, dont le seul décor est l’appât du gain.
Mais à ce jeu, qui trompe qui ? Le ministère de la Communication serait-il naïf au point de croire que ces sociétés sorties de nulle part sont devenues du jour au lendemain des modèles de gestion ? Ou bien fait-on semblant de ne rien voir pour ne pas froisser certains lobbies ?
Il est temps que la presse se regarde en face. Ce fonds, censé soutenir le pluralisme et la qualité de l’information, devient chaque année un miroir déformant de nos dérives. Au lieu d’encourager la rigueur, il stimule la ruse et la simulation.
Ceux qui croient pouvoir berner le système doivent se préparer à être démasqués. La crédibilité ne s’achète pas avec des fiches de paie de circonstance. Et dans ce milieu, les masques finissent toujours par tomber.
Qui vivra verra.