*Sénégal : 90 ans de son Excellence Abdou Diouf :A Témoignages de Abdoulaye Wilane *

Prendre la parole pour témoigner sur l’homme qu’est Abdou Diouf, à l’occasion de ses 90 ans, c’est assumer une mission immense. C’est à la fois un honneur, un privilège, une joie profonde, mais aussi une difficulté : comment résumer en quelques lignes une existence si dense, si riche et si exemplaire ? Comment saisir une personnalité d’une telle profondeur, empreinte d’humilité et de discrétion, qui a toujours su préserver une part de mystère, parfois même de légende ? Abdou Diouf est de ces hommes rares dont on croit tout savoir, mais qui surprennent toujours par une simplicité désarmante et une grandeur naturelle.

Je voudrais, en toute humilité, commencer par un hommage vibrant à sa mère, Adji Coumba Déme. Femme de courage et de sacrifice, elle incarne le liggéeyou ndey agnupp dom – l’amour absolu d’une mère, le travail silencieux, l’effort inlassable. C’est dans ces gestes maternels, dans cette éducation ferme et tendre à la fois, que s’est forgé le caractère d’Abdou Diouf. Comment comprendre l’homme de devoir qu’il est devenu sans se rappeler les valeurs transmises à Saint-Louis par ses parents, Ndiaye Diouf et Adji Coumba Déme ? Là réside la racine : une enfance où se mêlent la discipline et la tendresse, la tradition et l’ouverture.

Saint-Louis a fait le reste. Cette ville-carrefour, élégante et rigoureuse, mais ouverte au monde, a façonné un jeune garçon curieux, studieux, respectueux. Ceux qui l’ont connu dans sa jeunesse parlent d’un garçon calme, d’une pudeur naturelle, d’un sens précoce du devoir. C’est dans cette atmosphère que s’est forgée sa personnalité d’homme de synthèse, capable de bâtir des ponts entre les cultures et de se tenir droit face aux tempêtes.

Très tôt, il a eu la chance de croiser des maîtres d’exception : Mamadou Dia et, surtout, Léopold Sédar Senghor. Mais ce qui frappe, c’est la gratitude avec laquelle il parle d’eux. « Je lui dois tout, car il m’a tout donné », disait-il de Senghor. Derrière ces mots, il y a une qualité rare : l’humilité. Abdou Diouf n’a jamais prétendu s’être fait seul. Il n’a jamais effacé ses dettes morales et intellectuelles. Au contraire, il les a revendiquées comme un héritage précieux qu’il a transformé en armes de gouvernance, de diplomatie et de paix.

Mais avant l’homme d’État, il y a l’homme de famille. C’est sans doute là que son humanité se révèle le mieux. Son mariage avec Élisabeth Diouf est une histoire d’amour, de respect et de tolérance. Leur union, symbole d’ouverture, a su résister au temps et aux regards parfois sceptiques. Ils ont bâti ensemble un foyer complice, discret mais solide, où l’amour et la simplicité l’emportaient sur le protocole. Ceux qui les connaissent savent qu’Abdou et Élisabeth partagent un lien fait de rires discrets, de confidences murmurées, d’une complicité tendre. Leurs enfants ont grandi loin des projecteurs, élevés avec rigueur mais aussi avec beaucoup de chaleur. Abdou Diouf a toujours su rappeler qu’on peut être grand dans la République et rester humble dans sa maison, qu’on peut présider aux destinées d’une Nation et demeurer, avant tout, un père attentif et un mari aimant.

Sur le plan politique, l’histoire retiendra qu’il est arrivé au pouvoir presque par surprise, mais qu’il a exercé cette charge avec une dignité exemplaire. Ceux qui l’ont côtoyé à la présidence parlent de son calme, de sa retenue, de son écoute silencieuse mais profonde. Son style contrastait avec celui de Senghor : plus sobre, plus effacé peut-être, mais non moins ferme et résolu. Il a consolidé les institutions, renforcé l’État de droit, dirigé le Parti Socialiste avec prudence et sagesse, toujours animé par une seule obsession : l’intérêt supérieur du Sénégal.

Et puis vint ce moment unique : le 19 mars 2000. Ce jour-là, Abdou Diouf a inscrit son nom dans l’histoire, non seulement du Sénégal, mais de la démocratie universelle. En acceptant sa défaite, en félicitant son challenger, il a prouvé qu’il n’était pas seulement un président, mais surtout un démocrate. Peu d’hommes, en Afrique et ailleurs, ont eu ce courage, cette élégance, cette grandeur. Ce geste restera comme l’un des plus beaux héritages qu’il lègue au Sénégal : montrer que le pouvoir n’appartient pas à un homme, mais au peuple.

Et après le pouvoir ? Là encore, il a donné l’exemple. Pas un mot de rancune, pas une manœuvre dans l’ombre, pas une tentative d’influence. Il s’est retiré dans la dignité, préférant le silence au vacarme, la sérénité à l’amertume. Il a prouvé qu’il existe une vie après le pouvoir, une vie plus simple mais tout aussi noble. Cette leçon, rare et précieuse, devrait inspirer toutes les générations.

À l’international, enfin, il a poursuivi son œuvre à la tête de la Francophonie. Là, il est devenu Maodo, le sage, la voix mesurée et respectée. Toujours digne, toujours à l’écoute, il a incarné la fierté africaine ouverte à l’universel. Partout où il passait, il imposait le respect par sa stature, mais plus encore par son humilité et son humanité.

Aujourd’hui, en célébrant ses 90 ans, nous rendons grâce à Dieu pour ce don qu’est Abdou Diouf. Don pour sa famille, don pour son pays, don pour l’Afrique et pour le monde. Nous prions qu’Allah lui accorde santé, longévité et sérénité. Qu’il demeure ce phare pour la jeunesse, ce repère pour l’Afrique, ce modèle vivant pour l’humanité.

Fils de Louga, élève de Saint-Louis, major de sa promotion à l’Ecole nationale de la France d’outre-mer, bâtisseur du Sénégal, ambassadeur de valeurs francophones, un sage pour l’Afrique et pour le monde, voilà qui est Abdou Diouf.

Abdou Diouf : un fils, un époux, un père, un président, un sage. Un homme qui honore son nom, sa famille, son pays et son continent.

Secrétaire National du Parti Socialiste du Sénégal,

Porte Parole, Camarade

Abdoulaye Wilane,

Président du Conseil départemental de Kaffrine

 

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