*Kaolack/Aprodel : Premiers pas de Moussa Fall.dans l’ arène politique *

Premiers jets

C’est en 1988, dans les couloirs modestes du CEM Bassirou Mbacké de Kaolack, que commence l’histoire d’un engagement qui allait traverser les décennies. Moussa Fall n’a alors que la fougue d’un adolescent, mais déjà l’esprit critique et le souci du collectif l’habitent. À cette époque, le Sénégal vit des années de tension politique, marquées par un besoin pressant de renouvellement. Dans cette atmosphère de bouillonnement, il fait ses premiers pas dans la prise de parole publique, l’organisation étudiante et les premières luttes locales.

Huit ans plus tard, en 1996, il devient président du Mouvement Démocratique des Jeunes de la LDMPT, une étape décisive dans sa trajectoire militante. Son élection à la tête du mouvement jeunesse de ce parti d’opposition ne doit rien au hasard : elle est le fruit d’un activisme acharné, d’un réseau solide tissé dans la rue, les campus et les quartiers populaires de Kaolack. Il est alors aussi membre du bureau national du parti, reconnu pour sa rigueur, sa loyauté, mais surtout pour sa capacité à mobiliser.

Durant ces années d’opposition, Moussa Fall se forge aux côtés de figures devenues majeures sur l’échiquier national. Il collabore avec Modou Diagne Fada, futur ministre, Aliou Sow du PDS, et bien d’autres jeunes leaders de la génération de l’alternance. Ce compagnonnage, souvent difficile dans un contexte de répression, se transforme en un réseau d’engagement solidaire. Ensemble, ils croient en une jeunesse capable de redresser la nation, et Kaolack devient leur terrain d’expérimentation.

En 2000, l’histoire leur donne raison. La coordination des jeunes de la coalition SOPI, à laquelle Moussa contribue activement, participe à la victoire de l’alternance avec Abdoulaye Wade. Cette victoire est aussi celle de la jeunesse de Kaolack, longtemps marginalisée mais toujours mobilisée. Dans ce sillage, il s’investit dans le Pôle de Gauche, coalition des partis progressistes, et le Front pour la Régularisation et la Transparence des Élections (FRTE), deux espaces de réflexion et d’action dans lesquels il défend la démocratie participative.

Mais le point d’orgue de cette première phase de carrière politique reste le congrès ordinaire des jeunesses jallarbistes, organisé à Kaolack en 2006. Par la force de sa conviction, Moussa obtient que sa ville natale soit le théâtre de ce grand rassemblement politique. Tous les membres du bureau politique national font le déplacement – une première dans l’histoire du parti à Kaolack. Ce moment est un symbole fort : Kaolack, longtemps en marge, devient le centre de la dynamique nationale. Le président Abdoulaye Bathily, figure emblématique de la gauche sénégalaise, y rend hommage à la jeunesse de Kaolack, saluant son rôle moteur dans la conquête démocratique.

Pour Moussa Fall, ce congrès est plus qu’un succès politique : c’est l’aboutissement d’un combat, la reconnaissance d’un leadership enraciné. C’est aussi un tournant : désormais, son engagement ne se limitera plus aux joutes électorales. Il va s’ancrer dans le développement local, dans l’action communautaire, dans le service public de proximité.

L’organisation du congrès ordinaire des jeunesses jallarbistes à Kaolack en 2006 marque un tournant. Ce n’est pas seulement un événement politique, c’est un acte de foi en Kaolack, une manière forte de redonner à cette ville une place centrale sur la carte du Sénégal.

 

Pour la première fois dans l’histoire du parti, l’intégralité du bureau politique se déplace à Kaolack. Une démonstration de force, mais surtout de respect envers une base militante qui, pendant des années, a donné sans compter. Moussa Fall, artisan de cette réussite, se voit salué non seulement par ses pairs, mais aussi par le président Abdoulaye Bathily lui-même, qui rend hommage à cette jeunesse de Kaolack capable de transformer la marge en moteur politique.

 

Ce congrès, riche en débats, en rencontres et en décisions, scelle le rôle stratégique de Kaolack dans la vie politique nationale. Il démontre qu’une ville de l’intérieur peut penser et agir pour tout un pays. Il montre aussi que les jeunes, lorsqu’ils sont encadrés, considérés et responsabilisés, peuvent devenir les architectes d’une alternance pacifique et structurée.

 

Mais ce succès laisse aussi place à une interrogation profonde chez Moussa Fall : et maintenant ?

 

À quoi bon se battre pour le changement, si ce dernier ne se traduit pas dans la vie quotidienne des populations ? Comment construire une alternance véritable, si les villes comme Kaolack restent confrontées à la pauvreté, au chômage, à l’insalubrité, au désespoir ?

 

C’est cette remise en question qui donnera naissance à une nouvelle étape dans son engagement : le développement local comme pilier de l’alternance réelle.

 

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