Entre promesses nationales et réalités locales, les départements de Kaolack, Nioro du Rip et Guinguinéo attendent des actions concrètes
Situation générale en 2025
Le Sénégal a engagé en 2024-2025 un ambitieux programme national pour la résorption des abris provisoires (salles de classes sans structure durable), véritables symboles des inégalités éducatives. Le Programme d’Urgence de Remplacement des Abris Provisoires (PURAP) prévoit de remplacer 7 227 abris provisoires sur l’ensemble du territoire d’ici à 2029.
À ce jour, environ 2 662 abris ont déjà été résorbés. Le délai fixé par le gouvernement pour achever ce chantier est l’horizon 2029.
Statistiques nationales utiles
Indicateur Valeur
Nombre total d’abris provisoires recensés (fin 2024) ~7 122 à ~7 227
Abris déjà résorbés ~2 662
Budget initial mobilisé pour la première phase du PURAP 5 milliards FCFA
Focus sur la région de Kaolack
Département de Kaolack
Le département de Kaolack concentre une partie importante des effectifs scolaires de la région. Les abris provisoires y demeurent nombreux, notamment dans les zones rurales périphériques où les écoles souffrent de déficits structurels. Lors de la Revue annuelle du secteur de l’éducation tenue en avril 2025, les autorités académiques ont souligné l’urgence d’intervenir rapidement pour offrir un cadre d’apprentissage plus sûr, en particulier aux jeunes filles.
Département de Nioro du Rip
Nioro du Rip fait face à un défi similaire, avec des établissements en milieu rural souvent contraints d’abriter leurs élèves sous des tentes ou des constructions précaires. Dans plusieurs communes du Rip, la pauvreté structurelle accentue le problème : les communautés locales ont des difficultés à entretenir ou remplacer les abris, rendant l’appui de l’État crucial. Les enseignants y alertent régulièrement sur les conditions d’étude dégradantes qui découragent la fréquentation scolaire.
Département de Guinguinéo
La situation est encore plus préoccupante à Guinguinéo, où le problème des infrastructures scolaires dépasse même les salles de classe. À l’Assemblée nationale, il a été révélé que l’Inspection de l’Éducation et de la Formation (IEF) de Guinguinéo ne dispose pas de locaux dignes de ce nom. Ce déficit symbolise la précarité éducative dans le département : manque de bureaux administratifs, déficit d’enseignants et écoles dépendant toujours d’abris provisoires vétustes.
Efforts des autorités
Lancement du PURAP, piloté par le ministère de l’Éducation nationale avec l’appui du ministère des Forces armées.
Mobilisation des Forces armées pour accélérer les chantiers grâce à leur expertise technique.
Dans le Programme d’Investissements prioritaires (PIP) pour Kaolack (2024-2026), le Chef de l’État a inscrit la résorption des abris provisoires comme une priorité absolue.
Objectif du Gouvernement actuel
Éliminer totalement les abris provisoires d’ici à 2029.
Offrir à chaque élève un cadre d’apprentissage digne et sécurisé.
Réduire les inégalités éducatives entre zones urbaines et rurales, en mettant l’accent sur Kaolack, Nioro et Guinguinéo.
Réaction du Ministre de l’Éducation nationale
Le ministre Moustapha Mamba Guirissy a réaffirmé l’engagement du gouvernement à mettre fin aux abris provisoires. Selon lui, il s’agit d’une question d’urgence nationale et d’équité sociale. Il a insisté sur la synergie avec les Forces armées pour garantir la qualité et la rapidité des infrastructures.
Défis locaux
Absence de statistiques précises par département (Kaolack, Nioro, Guinguinéo).
Manque de locaux administratifs, particulièrement à Guinguinéo.
Lenteurs administratives et financières dans l’exécution des marchés.
Pauvreté régionale (41,5 % de taux d’incidence), freinant l’implication des communautés locales.
Solutions et recommandations
1. Recensement précis par département : établir des données actualisées sur les abris provisoires de Kaolack, Nioro et Guinguinéo.
2. Renforcement du suivi local : doter les inspections académiques de moyens matériels et logistiques.
3. Accélération des procédures : raccourcir les délais de passation des marchés.
4. Implication des collectivités locales : appui foncier, main-d’œuvre, participation à l’entretien.
5. Diversification des financements : associer ONG, bailleurs et secteur privé.
6. Transparence : suivi des fonds et contrôle strict des entreprises contractantes.
7. Mobilisation communautaire : impliquer parents et associations dans la gestion des infrastructures.
8. Priorisation : cibler en premier les écoles les plus vulnérables.
Conclusion
La région de Kaolack, dans ses trois départements – Kaolack, Nioro du Rip et Guinguinéo – illustre les défis majeurs du système éducatif sénégalais. Le programme PURAP fixe un cap ambitieux à 2029, mais son succès dépendra de la capacité des autorités à passer des annonces aux réalisations concrètes.
Pour les élèves, la fin des abris provisoires ne signifie pas seulement un toit solide au-dessus de leurs têtes : c’est aussi la promesse d’un avenir meilleur, plus juste et plus équitable.
Par Mamadou Camara – Journaliste, Camou Communication