Volontaires, contractuels, décisionnaires : ces piliers de l’école sénégalaise réclament justice après des décennies de service oublié.
Par Mamadou Camara, journaliste – Camou Communication
D’après une déclaration de Abdoulaye Ndoye, Secrétaire Général du SADEF Kaolack
(Source : Page officielle Facebook de SADEF)
À chaque rentrée scolaire, les projecteurs se braquent sur les défis de l’éducation nationale : classes surpeuplées, manque de personnel, grèves répétées. Mais dans l’ombre, loin des micros et des caméras, subsiste une autre réalité, ignorée mais persistante : celle des enseignants volontaires, contractuels et décisionnaires, laissés pour compte par un système qu’ils ont pourtant contribué à faire tenir debout.
Depuis le décret n°74-347, le Sénégal a massivement recruté des enseignants sans leur offrir de statut clair. Ces hommes et ces femmes ont servi dans les zones les plus isolées, souvent sans sécurité de l’emploi, ni protection sociale, ni visibilité de carrière.
Un espoir naît avec le décret n°2006-392, censé régulariser cette situation. Mais près de vingt ans plus tard, l’application reste incomplète, inégale et, pour beaucoup, discriminatoire.
Le paradoxe de l’oubli institutionnel
Le cœur du scandale réside dans ce paradoxe :
> Les années de volontariat et de contractualisation sont reconnues dans les dossiers administratifs,
Mais exclues lors de la liquidation des pensions.
En d’autres termes : « Vous avez servi, mais vous ne serez pas reconnus. » Un traitement injuste, contraire aux principes mêmes d’un État de droit, qui expose des milliers d’enseignants à une double peine :
La précarité pendant la carrière
L’invisibilité à la retraite
Ce silence institutionnel est une violence. Il prive ces enseignants de leurs droits après les avoir utilisés comme fondation du système éducatif.
Des revendications claires et urgentes
Face à cette situation, le SADEF (Syndicat Autonome pour le Développement de l’Éducation et de la Formation) élève la voix. Son Secrétaire Général, Abdoulaye Ndoye, lance un appel solennel à l’État : reconnaître pleinement les années de service rendues dans des conditions souvent précaires.
Voici les revendications majeures du syndicat :
La prise en compte intégrale des années de volontariat et de contractualisation dans le calcul des pensions
L’intégration rétroactive des enseignants décisionnaires dans la fonction publique
La revalorisation des pensions
L’extension de l’âge de la retraite à 65 ans
Une imputation budgétaire dédiée, pour une application immédiate et sans ambiguïté
Une école ne peut reposer sur l’injustice
L’école sénégalaise est construite, depuis des décennies, sur l’engagement et le sacrifice d’enseignants souvent sans statut, sans garantie, mais jamais sans courage. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de discours, mais de réparation.
> « Nous ne demandons pas des privilèges. Nous exigeons la justice. »
Car, comme le rappelle Abdoulaye Ndoye dans sa déclaration publiée sur la page officielle du SADEF :
> « L’histoire retiendra ceux qui ont enseigné sans statut, mais avec dignité. »
Mamadou Camara – Journaliste
Camou Communication
(Avec l’autorisation et sur la base de la déclaration publiée par Abdoulaye Ndoye, Secrétaire Général SADEF Kaolack)