*Afrique/Médias en Afrique : entre liberté et responsabilité. l’ Etat face à ses devoirs *

Contribution

 

Quand la démocratie devient vulnérable aux dérives de la désinformation et du sensationnalisme médiatique

 

Dans de nombreux pays africains, la liberté de la presse est souvent présentée comme l’un des symboles les plus forts de la démocratie. Elle constitue, en effet, un pilier essentiel du débat public et un contre-pouvoir indispensable à la bonne gouvernance.

Cependant, cette liberté — conquise de haute lutte — est aujourd’hui menacée non pas seulement par la censure, mais aussi par les dérives internes à certains médias et journalistes qui, au nom du “scoop”, compromettent l’éthique et le professionnalisme.

 

De plus en plus, des plateformes d’information, parfois peu ou pas encadrées, se livrent à la désinformation, à la diffamation ou à la manipulation de l’opinion publique. Cette situation met en danger non seulement la crédibilité du journalisme africain, mais aussi la stabilité des institutions et la préservation des acquis démocratiques durement construits au fil des décennies.

 

La responsabilité partagée : entre journalistes et pouvoirs publics

 

Il ne s’agit pas d’opposer la presse aux autorités, mais de rappeler que la liberté sans responsabilité devient un désordre.

Les États africains ont le devoir de protéger les libertés fondamentales, tout en veillant à ce que la presse ne soit pas un instrument de déstabilisation, de propagande ou de dénigrement systématique des institutions.

 

Les organes de régulation — tels que les Hautes autorités de la communication — doivent jouer pleinement leur rôle d’arbitre, sans excès d’autoritarisme, mais avec une rigueur exemplaire.

De même, les syndicats et associations de journalistes doivent promouvoir une véritable déontologie professionnelle, fondée sur la vérification, l’équilibre de l’information et le respect de la dignité des personnes.

 

Mesures à envisager

 

1. Renforcer la formation et la professionnalisation des journalistes

 

Créer des écoles et centres régionaux de formation continue en journalisme d’investigation, en éthique et en communication publique.

 

2. Mettre à jour les cadres juridiques de la presse

 

Adapter les législations à l’ère numérique pour encadrer la presse en ligne et lutter contre les fake news, sans restreindre la liberté d’expression.

 

3. Responsabiliser les organes de régulation

 

Garantir leur indépendance et leur capacité à sanctionner équitablement les abus, qu’ils viennent des médias ou des pouvoirs publics.

 

4 Encourager un partenariat État–presse–société civile

 

Créer des espaces de dialogue permanents pour restaurer la confiance entre journalistes, autorités et citoyens.

 

Pour une presse libre, responsable et citoyenne

 

L’Afrique ne peut construire une démocratie solide sans une presse libre et crédible.

Mais la liberté ne doit pas être synonyme d’anarchie ou de manipulation.

Les médias doivent redevenir des acteurs de développement, des vigies citoyennes et non des instruments de division.

 

Les autorités africaines ont donc la lourde responsabilité d’assainir l’espace médiatique tout en protégeant les acquis démocratiques.

C’est à ce prix que l’Afrique pourra continuer à écrire sa propre histoire, dans la dignité, la vérité et la responsabilité.

Mamadou Camara, journaliste communicant

Sénégal/Kaolack

chevron_left
chevron_right

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Commentaire
Nom
E-mail
Site