Désencombrement : vers quel modèle de société voulons-nous aller ?
Par Mamadou Camara, journaliste – Camou Communication
Le Sénégal est à un tournant. Dans plusieurs villes du pays, les opérations de désencombrement se multiplient : marchés informels rasés, trottoirs dégagés, rues assainies. L’État a décidé de reprendre la main sur l’espace public, longtemps livré au désordre, à l’indiscipline et à l’anarchie.
Cette fois, les autorités veulent aller jusqu’au bout. Le message est clair : le vivre-ensemble passe par le respect de la loi et de l’ordre public.
> « Il ne s’agit pas de punir, mais de redonner à nos villes leur dignité », confie un responsable administratif à Kaolack.
« Le citoyen doit comprendre que la rue n’est pas un patrimoine individuel, mais un bien collectif. »
Un mal profondément ancré
Depuis plusieurs années, l’encombrement des voies publiques est devenu un véritable fléau urbain : vendeurs ambulants installés sur les trottoirs, garages mécaniques improvisés sur les chaussées, marchés débordant jusque sur les routes principales.
Ce désordre chronique nuit à la circulation, à la salubrité et à la sécurité.
Les tentatives de régulation menées par le passé avaient souvent échoué, faute de suivi ou de courage politique. Cette fois, le gouvernement semble décidé à aller plus loin.
> « Nous devons sortir de cette culture du laisser-faire. Un État fort, c’est un État qui protège l’intérêt général, même si cela dérange », souligne un habitant de Kaolack, favorable à la mesure.
Entre satisfaction et critiques
Sur les réseaux sociaux et dans les rues, les réactions se croisent. Beaucoup saluent une initiative salutaire, symbole de discipline et d’ordre retrouvé. D’autres, en revanche, déplorent la perte de revenus pour certains petits commerçants, chassés de leurs points de vente.
Mais au-delà des émotions, une question s’impose :
que veulent véritablement les Sénégalais ?
Souhaitons-nous continuer à vivre dans le désordre permanent, ou voulons-nous enfin bâtir des villes propres, ordonnées et modernes ?
Les populations, dans leur majorité, encouragent les autorités étatiques, administratives et locales à poursuivre le travail avec fermeté, tout en accompagnant les acteurs impactés vers des solutions durables.
Encadré – Analyse : un défi de gouvernance urbaine
Le désencombrement n’est pas seulement une opération technique. C’est un test de gouvernance.
Il interroge la capacité de l’État à concilier ordre public, justice sociale et équité territoriale.
Il exige aussi une coordination forte entre collectivités locales, forces de sécurité et acteurs communautaires.
Pour réussir, cette politique doit s’appuyer sur :
des espaces de recasement pour les commerçants déplacés,
une communication continue pour éviter les malentendus,
et surtout une application équitable de la loi, sans favoritisme.
💬 Une conscience collective à reconstruire
Il faut le dire : on ne peut pas satisfaire tout le monde. Chaque transformation suscite des résistances. Mais le Sénégal doit choisir : continuer à subir le désordre ou affirmer sa volonté d’avancer.
Le désencombrement des voies publiques est donc plus qu’une opération de nettoyage :
c’est un signal fort d’un État qui reprend ses responsabilités, et un appel à la citoyenneté.
Car l’avenir d’un pays ne se construit pas dans l’anarchie, mais dans le respect du bien commun.
Mamadou Camara