*Kaolack : Alerte aux decideurs , tout peuple a des limites *

Regardez dans le rétroviseur et tirez les leçons du passé avant qu’il ne soit trop tard

 

Par Mamadou Camara, journaliste – Camou Communication

 

Le Sénégal traverse une phase charnière de son histoire politique et sociale. L’espoir, qui a porté au pouvoir la nouvelle équipe dirigeante, demeure encore vif, mais il s’effrite lentement face à la lenteur des réformes et au poids des réalités quotidiennes.

 

Le peuple sénégalais, fidèle et patient, peut aimer, défendre et se battre pour ses dirigeants. Mais il n’est pas éternellement indulgent. Lorsqu’il ne voit pas de résultats concrets, il se décourage, se replie, puis se détourne.

 

Aujourd’hui, les urgences sont visibles à l’œil nu : cherté du coût de la vie, panier de la ménagère qui s’alourdit, eau et électricité devenues un luxe, soins de santé coûteux, emploi rare, retraités oubliés et routes en ruine.

Les Sénégalais attendent du concret avant 2029 — pas des slogans, mais des actes. Car tous les régimes qui ont ignoré la souffrance silencieuse de leur peuple ont fini par tomber.

 

Entre justice et survie sociale

 

Oui, la reddition des comptes, la justice pour les 80 morts de mars 2023 et la transparence dans la gestion des biens publics sont des engagements nobles et nécessaires.

Mais pendant que les enquêtes avancent et que les dossiers s’instruisent, le peuple a faim, soif et mal.

Les priorités de base — manger, boire, se soigner, se loger — ne peuvent être différées.

 

La population attend un État socialement présent et économiquement réactif, qui parle moins et agit plus.

Car la légitimité politique ne se mesure plus au discours, mais à la capacité à améliorer la vie quotidienne.

 

Le peuple vous a tout donné

 

Ce peuple s’est battu, il a crié votre nom, défié l’injustice, défendu votre cause dans les rues, les marchés, et sous l’arbre à palabres.

Mais la patience a des limites.

Les hésitations, la lenteur ou la méthode trop prudente risquent de créer un sentiment de frustration dans les rangs mêmes des sympathisants convaincus.

 

Les petites frustrations d’aujourd’hui sont les colères populaires de demain.

Le citoyen sénégalais peut se battre pour vous, mais viendra un moment où il n’aura plus d’arguments valables face aux détracteurs.

Et ce jour-là, les regrets ne serviront plus à rien.

Le message est clair

 

Décideurs, regardez dans le rétroviseur de l’histoire : tous les régimes déchus avaient commencé par ignorer les signaux faibles du peuple.

Le Sénégal ne veut pas d’un changement de façade, mais d’un changement de vie.

Les années qui viennent seront décisives — pour le pouvoir, mais surtout pour le pays.

 

Les tenants du pouvoir actuel ont du mérite pour avoir osé, pris des risques et sacrifié leur vie au service du peuple. Les défis étaient immenses, les obstacles nombreux, mais ils se sont battus avec le peuple pour conquérir le pouvoir.

Aujourd’hui, l’espoir suscité doit se transformer en résultats tangibles.

 

Le peuple souhaite simplement que les promesses soient tenues.

Selon les dirigeants, « nous n’échouerons jamais et ne trahirons jamais la confiance qui nous lie aux Sénégalais ». Une feuille de route claire a été tracée : Jub, Jubbal, Jubanti — transparence, droiture, exemplarité.

Les Sénégalais, eux, rappellent : « Ce sont nous qui avons commandé le plat » — autrement dit, ils veulent goûter aux fruits du changement.

 

Entre révolution et responsabilité

 

La révolution promise demande des sacrifices, de la patience et une vision nationale partagée.

Les dirigeants eux-mêmes le disent : « Nous devons dépendre de nous-mêmes pour remettre le pays sur la bonne voie. »

Le Sénégal doit apprendre à exploiter ses propres ressources naturelles, notamment le pétrole et le gaz, pour redresser son économie et garantir une souveraineté réelle : alimentaire, énergétique et financière.

 

Le référentiel 2050 offre un cadre, mais il ne doit pas rester théorique.

Les urgences sociales exigent des solutions immédiates. Car on ne peut pas être à l’aise tant que le peuple souffre.

 

Le Sénégalais est impatient, c’est vrai.

Mais on ne peut pas non plus résoudre en quelques mois des difficultés qui datent de 1960, ont persisté en 2012, et demeurent encore en 2024.

L’essentiel, c’est de donner des signes forts que le changement est en marche — pour que l’espoir ne se transforme pas en désillusion.

 

Mamadou Camara

Journaliste – Camou Communication

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