Sénégal : Focus sur feu Ibrahima Seydou Ndaw, figure politique sénégalaise marquante du XXᵉ siècle.
Ancien maire de Kaolack, il a joué un rôle important dans la décolonisation.
Biographie et Héritage de Ibrahima Seydou Ndaw
Origines et engagement initial
Né le 13 juillet 1889 à Sokone, fils de Gnima et de Seydou .
Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale au sein de l’armée française, il revient au Sénégal en 1919 et s’installe à Foundiougne, où il s’engage dans la culture et le commerce de l’arachide .
Activité économique et syndicale
En 1944, Ndaw fonde et préside le Syndicat des commerçants indigènes du Sine‑Saloum (SYCOMISS), le premier regroupement d’hommes d’affaires sénégalais .
Parcours politique
Conseille Léopold Sédar Senghor pour la création du Bloc démocratique sénégalais (BDS), en réaction à la SFIO de Lamine Guèye .
Présidente de l’Assemblée territoriale : élu à la tête en 1952, maintien de cette présidence jusqu’en 1959 .
De nouveau élu président de l’Assemblée territoriale le 14 mai 1957, à la suite d’une victoire électorale du BDS .
Maire de Kaolack jusqu’en 1961 .
Apports institutionnels et changements de parti
En 1959, quitte le BDS pour rejoindre le Parti de la Solidarité Sénégalaise (PSS), fondé en janvier 1959, qu’il co-dirige aux côtés de Cheikh Tidiane Sy et Oumar Diop. Toutefois, le PSS échouera rapidement aux élections et sera dissous la même année .
Devient président honoraire de l’Assemblée nationale indépendante en 1963 .
Décès et commémoration
Décédé autour du 13 août 1969 à l’âge de 80 ans .
Son nom perdure à travers une avenue à Kaolack ainsi que la salle de délibération de la mairie de la ville, honorant son engagement local .
Engagement religieux et social
Très respecté dans les milieux religieux, Ndaw a joué un rôle crucial dans la sécurisation foncière de Touba : il a entrepris toutes les démarches menant à la remise du premier Titre Foncier de Touba à Cheikh Mamadou Moustapha Mbacké en 1927 .
Naissance 13 juillet 1889, Sokone
Première Guerre mondiale Mobilisé dans l’armée française
Activité économique Arachnide, fondateur de SYCOMISS (1944)
Politique Co-fondateur du BDS, président de l’Assemblée territoriale (1952–1959), maire de Kaolack, président honoraire de l’Assemblée nationale (1963)
Parti politique Quitte le BDS en 1959 pour le PSS
Engagement religieux Obtention du titre foncier de Touba en 1927
Décès 13 août 1969
Hommages Avenue et salle de délibération à Kaolack
Ibrahima Seydou Ndaw incarne une figure essentielle de la lutte contre les inégalités et pour l’autonomie politique au Sénégal. Sa trajectoire illustre un engagement durable, économique, politique et social, marqué par une détermination à défendre les plus vulnérables .
Le rôle d’Ibrahima Seydou Ndaw dans la décolonisation du Sénégal a été fondamental, bien qu’il soit parfois sous-estimé ou éclipsé par des figures comme Léopold Sédar Senghor ou Lamine Guèye. Voici un aperçu clair et détaillé de son implication :
Acteur économique pour l’émancipation
Dès les années 1920-1940, Ndaw est un commerçant prospère et un syndicaliste influent dans le Sine‑Saloum.
En 1944, il fonde le SYCOMISS (Syndicat des Commerçants Indigènes du Sine‑Saloum), qui regroupe des commerçants africains opposés à l’hégémonie des maisons de commerce françaises.
Cet acte est hautement politique : il remet en cause la domination économique coloniale et prépare les bases d’un capitalisme africain indigène, condition essentielle à une indépendance réelle.
Il incarne une forme de résistance économique contre le système colonial, essentielle à l’autonomisation des élites africaines.
Architecte politique de la rupture avec la SFIO
À la fin des années 1940, Ndaw joue un rôle moteur dans la rupture avec la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière), le parti socialiste français auquel adhéraient Senghor et Lamine Guèye.
En 1948, il co-fonde avec Senghor le Bloc Démocratique Sénégalais (BDS), parti entièrement sénégalais, indépendant des partis français.
C’est lui qui pousse Senghor à quitter la SFIO, jugeant que la lutte pour l’indépendance exige une rupture nette avec les partis coloniaux.
Il initie le cadre politique qui mènera à l’indépendance, en rompant l’assimilationnisme français.
Président de l’Assemblée territoriale (1952–1959)
Élu Président de l’Assemblée territoriale du Sénégal en 1952, Ndaw occupe la plus haute fonction politique sénégalaise avant l’indépendance.
Il participe activement à la mise en place des institutions préindépendantes (territorialisation du pouvoir, lois, budget autonome).
Il est réélu en 1957, à un moment clé : le début du processus de transfert effectif des compétences des autorités françaises aux Sénégalais.
En tant que président du pouvoir législatif, il structure l’État sénégalais avant 1960, préparant les institutions à l’indépendance.
Défenseur de l’indépendance politique et morale
Dans ses discours, Ndaw insiste sur une indépendance véritable, pas simplement formelle :
> « Il ne suffit pas de brandir un drapeau. Il faut se libérer dans les faits, dans l’économie, dans la culture, dans la pensée. »
Il critique la dépendance aux aides françaises, milite pour une autonomie budgétaire, et défend les valeurs culturelles africaines comme fondement du projet national.
Opposition au monopartisme post-indépendance
En 1959, Ndaw s’oppose à la dérive autoritaire du BDS devenu Parti de l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS).
Il fonde avec d’autres figures comme Cheikh Tidiane Sy le Parti de la Solidarité Sénégalaise (PSS).
Même si ce parti est éphémère, son geste traduit une volonté de pluralisme politique, rare dans un contexte où Senghor allait instaurer un parti unique.
Il défend l’idée que l’indépendance politique doit s’accompagner d’un pluralisme démocratique, un combat visionnaire.
. Rôle dans la légitimation foncière de Touba
Dès 1927, Ndaw joue un rôle crucial dans l’obtention du titre foncier de Touba, remis à Serigne Mamadou Moustapha Mbacké.
En assurant la reconnaissance légale de la capitale mouride, il contribue à asseoir une indépendance religieuse et foncière dans un État encore sous colonisation.
Il favorise l’ancrage des autorités religieuses dans l’espace politique, anticipant le dialogue État-religion du Sénégal postcolonial.
Son rôle exact dans la décolonisation ?
Économique Autonomisation des commerçants africains (SYCOMISS)
Politique Co-fondateur du BDS, rupture avec la SFIO
Institutionnel Président de l’Assemblée territoriale (1952–1959)
Idéologique Défenseur de l’indépendance réelle (politique, économique, culturelle)
Pluralisme Opposition au parti unique après 1959
Spirituel Agent de régularisation foncière pour Touba .
Mamadou Camara
Camou communication